Avant d’aborder des sujets plus "noirs"
Nous allons commencer par vous faire sourire :-D Nous vous parlions la dernière fois du guide nécessaire pour utiliser les toilettes 🚽, et bien sachez aussi qu’il y a souvent de la musique classique qui se déclenche lorsque vous y entrez et également une sonnette d’alarme sur laquelle vous pouvez appuyer pour appeler la police 😉. Et même un siège chauffant, vous en rêvez, non :-D ? Non, bon d’accord, reprenons nos moutons, nous vous emmenons dans nos sacoches (si, si, vous y rentrez) pour découvrir bien plus en profondeur la Corée du Sud, ce pays qui fascine tant et qui a pourtant des côtés bien sombres (rappelez-vous d’ailleurs le film sud-coréen « Parasite » en 2019)… A vos lunettes 🤓 !
- 😊🦑Nous vous avions laissé à Pohang, au gigantesque marché aux poissons. Nous quittons ce lieu plein de vie pour nous diriger vers Gyeongju en longeant la côte. Rouler en bord de mer, cela paraît toujours idyllique mais attention parfois, c’est venteux, voire très venteux et c’est aussi de très grands ports industriels qu’il faut traverser et ça c’est beaucoup moins sympathique et fort long !😉 Mais nous nous en sortons toujours, et roulons ensuite entre plages et petits villages de pêcheurs, à l’ambiance très typique. Nous sommes impressionnés : presque chaque crique a son petit port de pêche ! Et également une « invasion » de calamars, oui, oui, vous avez bien lu, une « invasion » :-D. Il y en a partout qui sèchent, imaginez-vous des centaines et des centaines de calamars…
Dans la ville de Guryongpo, le crabe est roi ! |
Le long de la côte Est, non loin de Pohang, des dizaines, des centaines, non des milliers de calamars sèchent... |
- 😊🏃♀️🏃♂️ Nous arrivons ensuite à Gyeongju, une des principales destinations touristiques du pays avec 4 sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Gyeongju a été la capitale du royaume de Silla qui contrôlait une grande partie de la Corée du VIIème au XIVème siècle. Entre temples, musée national, école confucéenne et tumuli (tombeaux royaux sous forme de collines verdoyantes), flâner dans la ville est très agréable. Si agréable que nous y avons même couru le semi-marathon pour Davy et le 10km pour moi. Il y avait même un marathon. D’ailleurs, je vous avoue tout, j’ai décidé de devenir marathonienne professionnelle depuis ce jour car le 1er a gagné 50 000 $ pour 2h10 de course, sacré salaire horaire !
tumuli (tombeaux royaux sous forme de collines verdoyantes) |
Portes de l'école confucéenne à Gyeongju |
Joie et bonheur après le 10 km (Emilie et le semi-marathon (Davy ) de Gyeongju |
- 😊 Après la course à pied, nous reprenons ensuite la route et le soir, belle surprise, nous commençons à planter la tente et nous voyons un coréen observer nos vélos en tournant autour. C’est très fréquent ici mais ils n’osent en général pas nous parler. Nous commençons à discuter (merci Google Translate 😉) avec Jong-Bok qui décide ensuite de nous ramener à manger. Nous dînons ensemble sur l’herbe simplement mais avec les avions qui atterrissent et décollent juste en face comme si nous mangions sur une rive de bord de Loire avec des avions de l’autre côté ! Quel bonheur car il est difficile ici de nouer contact avec les habitants (timidité, peur de ne pas parler assez bien anglais, et parfois peur et/ou manque d’ouverture d’esprit par rapport à l’étranger : la Corée du Sud est le pays le plus ethniquement homogène du monde, avec 96,6% de la population d'origine coréenne et 3,4% de ressortissants étrangers). Le lendemain, nous ouvrons la porte de la tente et découvrons un sac avec un petit déjeuner : Jong-Bok nous attend et a décidé de rouler avec nous. Il est retraité et a acheté un vélo depuis 2 semaines et il fait pas moins de 60km avec nous. Il rentrera le soir en bus très tard chez lui mais tellement heureux comme nous de ce partage 🤩.
avec Jong-Bok |
- 🤩⚓🚢Nous continuons à rouler le long de la côte pour arriver à Busan, la deuxième ville du pays et sixième port de manutention de conteneurs du monde avec des infrastructures gigantesques ! Nous descendons d’une colline et là quelle vue, d’immenses tours, des voies express superposées, beaucoup de trafic… Nous restons sans voix après les petits villages de pêcheurs de la côte ! Mais Busan, c’est également la capitale estivale de la Corée avec ses longues plages, la ville des festivals et du cinéma, nous manquons de peu leur festival international du film avec un très beau programme. Mais nous en avons un tout aussi chargé ! Nous sommes hébergés par Marina & Sangmin, un couple russo-coréen avec qui nous avons passé de très bons moments (un grand merci à eux pour leur hospitalité et générosité) et abordé de nombreux sujets sur la Corée (histoire, politique, cuisine, etc…). Nous les invitons à déguster un croissant et un pain au chocolat (leur rêve et on les comprend :-D) au « Quartier Général », une boulangerie ouverte par un français. Nous y présentons le projet à la communauté francophone grâce à l’aide de l'Alliance Française de Busan 부산 알리앙스 프랑세즈, merci Elisabeth. Nous visitons également le village culturel et coloré de Gamcheon - 부산 감천문화마을 dans lequel il fait bon déambuler ainsi que le musée de la ville car nous sommes toujours désireux d’apprendre encore et encore. Nous terminons le séjour par la conférence de Plantu à l’université nationale de Busan - 부산대학교 Pusan National University - PNU : la liberté de la presse, un sujet plus que jamais d’actualité dans le monde et qui l’a d’ailleurs été ici en Corée du Sud suite à la caricature du président par un lycéen. Nous enchaînons par un dîner aux côtés de Plantu, un grand monsieur, cela fait d’ores et déjà partie de ces moments imprévus et inoubliables du voyage 🥰🤩😍.
Busan, ses tours qui nous accueillent à notre arrivée dans cette ville qui fait tourner la tête ! |
Au "Quartier Général", boulangerie française de Busan, avec nos hôtes Marina & Sangmin, quel bonheur de retrouver le vrai croissant |
Village culturel de Gamcheon à Busan : qu'il fait bon de flâner au milieu de ces ruelles de toutes les couleurs... |
Avec Plantu |
- 😊 Nous reprenons ensuite la route entre pistes cyclables et routes sans trop de trafic (mais avec 1 crevaison pour Davy) pour arriver à Sacheon où nous sommes accueillis par @florent dubreuil Florent, directeur de l’école Airbus (nous découvrons ainsi les écoles entreprises) et Yuyu, son épouse chinoise. Nous aurons pendant ces 2 jours des échanges passionnants sur la Chine que nous aurions tant aimé traverser. L’école Airbus est intégrée dans l’école internationale américaine Gyeongnam International Foreign School et nous présentons le projet à tous les élèves (la plupart ont des parents travaillant dans l’aéronautique, l’industrie prégnante ici) et partageons des dîners très sympathiques et savoureux avec les familles françaises.
- 😊 🚲🚲Enfin nous traversons sur nos montures à deux roues la côte Sud-Ouest du pays. Ah, au fait, nous ne vous avons pas dit, sur les routes coréennes, nous dégustons partout de délicieux kakis, un fruit national ici. Ils regorgent de fer et de vitamine C, parfait pour nos mollets ! Nous commençons par la jolie île de Namhae plutôt rurale mais qui recèle également des villages allemands ou américains (des coréens retraités revenus de ces pays y vivent, ça fait un peu décor de films et ce n’est pas traditionnel coréen donc nous n’y sommes pas allés) et ses rizières en terrasse, la splendide baie de Suncheon, le village traditionnel de Naganeupseong, ou les plantations de thé de Boseong. Que de belles découvertes malgré une 2ème crevaison pour Davy : malchance, car il a crevé uniquement 3 fois durant tout le voyage dont 2 ici avec deux vilaines petites pointes ! Enfin, nous remontons la piste cyclable longeant le fleuve Yeongsan (encore de magnifiques passerelles en bois sur cette piste, les investissements réalisés pour le vélo ici sont incroyables !). Nous faisons un court arrêt à Naju pour profiter de quelques traditions : bains de boue pour les pieds, encouragement des compétiteurs au tir à la corde (pratique très ancrée dans les communautés rizicoles de l'Asie de l'Est, inscrite au patrimoine immatériel de l'UNESCO), participation pour Davy à un match de « Sepak Takraw », un mélange de foot et de volley. Il y a quelques rares clubs en France mais c’est très populaire en Asie car la discipline est née en Asie du Sud-Est et était déjà très pratiquée au XIe siècle 😉.
Dans le village de Naganeupseong au Sud-Ouest du pays, on maintient les traditions ancestrales |
Plantations de thé vert de Boseong au Sud-Ouest du pays : près de 6 millions d'arbres à thé, impressionnant et délicieux |
- ☹ Après ces découvertes intéressantes, si vous êtes de fervents lecteurs de nos publications, vous devez vous demander pour quelle raison nous n’avons pas encore rencontré d’associations ou de structures autour du handicap mental. C’est donc le moment de commencer à vous parler du côté noir de la Corée du Sud, c’est un pays qui fascine beaucoup et pourtant la vie n’y est visiblement pas si belle ni facile… Deux indices frappants : 11ème meilleure espérance de vie du monde mais taux de natalité le plus bas du monde avec moins de la moitié des jeunes adultes qui souhaitent avoir des enfants, taux de suicide le plus élevé des pays de l’OCDE : 25,8 pour 100 000 personnes (il est de 13,1 en France), soit près de trente-six suicides chaque jour, par pendaison, au gaz, avec des pesticides, en se jetant d'un pont, et parfois même en famille… Aucune profession ni catégorie d'âge n'est épargnée. On est dans un pays où l'on vit continuellement sous pression depuis très longtemps (avec une société passée du Moyen-Âge au XXIème siècle en 30 ans !) Dans sa vie professionnelle et personnelle, on se doit de répondre à des critères de perfection. Avec comme corollaire, un immense manque de confiance en soi et une crainte permanente du regard de l’autre. Un pays avec l'héritage confucéen qui prône avant tout la valeur travail, où le titre a plus d'importance que le nom, où le « Suneung », l'examen national d'admission à l'université (si possible la meilleure vous l’aurez compris) est le jour le plus important de votre vie… Pour y parvenir, les élèves doivent fréquenter des « hagwons », ces écoles privées très coûteuses où des tuteurs les préparent à être plus performants et compétitifs. Des journées interminables, souvent jusqu'à 22 heures, pour une voie tracée dont il est impossible de dévier… Les jeunes filles subissent une pression sociale énorme concernant leur poids et leur physique ; et il est très courant d’avoir recours à la chirurgie esthétique. Pour l’obtention de leur diplôme en fin d’études, les parents offrent aux jeunes filles de la chirurgie esthétique pour avoir les yeux européens ou se faire refaire la mâchoire (regardez des images de stars de la K-Pop, elles se ressemblent toutes…). La Corée du Sud est le troisième marché au monde pour la chirurgie esthétique, à Séoul, une femme sur cinq y a eu recours dans sa vie. Dans le métro, des pubs de cliniques : « Elles l’ont toutes fait, sauf toi »… La société sud-coréenne une société de mimétisme dans laquelle l’identité se construit à travers le regard des autres ?
Alors autant vous préciser qu’être porteur d’un handicap ne répond pas à ces critères de perfection, d’homogénéité et même parfois difficilement prononçable, vous n’êtes pas « très rentable »... Mais rassurez-vous, il y a bien des structures qui existent et nous vous en parlerons lors de notre prochaine publication pour laisser un peu de suspense 😉.
- ☹😥Pour revenir sur le triste record de suicides, récemment, le gouvernement a adopté une loi, dite de « prévention contre le suicide et de promotion du respect de la vie » (c’était même dans la campagne présidentielle…). Parmi les actions :
- une campagne sur les réseaux sociaux a notamment été lancée. Sur les visuels, on lit: « Comment ça va ? », une question que l’on ne pose pas ici…
- l’installation de téléphones d'urgence et d’un système de surveillance par intelligence artificielle (IA) sur vingt-cinq ponts de la ville de Séoul envoyant les secours si quelqu’un erre trop longtemps,
- la formation d’un million de "gardiens de la vie" qui ont pour but d'apporter une assistance aux personnes en détresse,
- la mise en place d'un dépistage de symptômes dépressifs, à réaliser toutes les décennies pour tous les Sud-Coréens âgés de 40 à 70 ans (qu’en est-il des nombreux jeunes qui se suicident ?)
Un commerce existe même autour de tout cela avec par exemple l’organisation simulée de sa propre mort, censée éloigner les pensées suicidaires….
Mais aujourd’hui, ce qui nous questionne, c’est évidemment l’absence de remise en cause dans ce phénomène du modèle d’excellence promu dans la société… Nous vous encourageons d’ailleurs à lire si vous avez envie d’approfondir le sujet l’ouvrage très intéressant de Juliette Morillot : "
La Corée du Sud en 100 questions : la tyrannie de l'excellence ».
- 😥😥Enfin, nous souhaitions terminer cette publication par une pensée pour les proches des victimes du mouvement de foule du 29 octobre à Séoul. Nous sommes à vos côtés dans nos cœurs💜 .
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